Je n’étais ni suicidaire ni irresponsable. Les sept années de dégagement, pendant lesquels je fus assez souvent aidé, j’ai toujours été présent quand on dégageait le site, interdisant à mes aides de venir quand je n’étais pas sur place.
Avec ces précautions élémentaires, il n’y eut aucun accident, dans un environnement que certains affirmaient comme dangereux. Il faut dire que ces Cassandres ne connaissaient pas la solidité de la construction médiévale.
J’ai toujours demandé à mes aides de porter des gants pour donner une protection élémentaire aux mains. Je n’avais pas au début de chaussures de sécurité.
Nous étions naturellement assurés, lorsque j’étais présent sur le site et exerçant entièrement mes responsabilités.
Déroulement de l’action de sauvetage
Ce fut une période faste de sept ans de 1986 à 1993, pendant laquelle je pus dégager sans contraintes les extérieurs du château que l’on m’avait accordés. Certes des réticences se firent jour peu à peu, quand ces extérieurs dégagés montrèrent la richesse du site et sa grande complexité. On voulut même me luxer sans ménagement en 1993, en m’accusant de façon éhontée de détruire le patrimoine local.
Après une période difficile de six mois, pendant laquelle je fus exclu du château, je pus enfin avoir gain de cause, grâce à monsieur HAMON, maire de CREHEN, qui a toujours cru en mon action.
Pendant les sept ans de dégagements, des dizaines de milliers de tonnes de terre et de pierres furent enlevées,entreposées, en attendant de leur trouver une destination finale.
Rythme du dégagement
Pendant ces sept ans, le rythme fut soutenu. Au début, les mercredi après midi et les samedi après midi, je fus aidé par deux, trois, quatre personnes au maximum. Je ne voulais pas me disperser.
Le reste du temps, j’étais le plus souvent seul, travaillant de neuf heures à midi et de deux heures à cinq ou six heures du soir. Mes jours de présence, en automne, hiver, printemps furent le mardi et mercredi, le vendredi, samedi et dimanche. En été le rythme fut le même, sept jours sur sept, avec chaque année pendant cette période des scouts qui venaient m’aider de façon spectaculaire.
Il faut retirer de ce rythme les jours de pluie continue et mes absences deux fois par an pour des voyages de dix à quinze jours.
Faites le compte et vous comprendrez pourquoi un château médiéval de trois mille deux cents mètres carrés en surface intérieure fut dégagé dans ses extérieurs en sept ans de façon manuelle.
Résultat de ce dégagement
Le résultat de ce dégagement se révéla très fructueux.
Premier site français dégagé entièrement à la main dans ses extérieurs. Le dégagement manuel lent et complet permet indiscutablement d’obtenir le meilleur résultat. Sa durée de sept ans a permis à un béotien d’analyser finement le site, de le comprendre par étapes successives, avec des contrôles en bibliothèque. Comme l’étape finale, sur les quatre faces du château, fut la mise à nu de toute la roche sur laquelle le château repose, aucun détail ne fut omis dans la compréhension de ce qui était découvert. Il ne faut pas oublier que toutes les étapes ont été photographiées du début jusqu’à la fin.