Le pigeonnier
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Ce pigeonnier soulève un problème très particulier, car, comme nous allons le voir, rien ne correspond dans la structure dégagée avec ce que l’on considère normalement comme un pigeonnier.

Dès 1579 cette structure est décrite  par Jacques II de Matignon qui le situait un peu avant d’arriver au bassin, sur le chemin du Guildo à Saint-Jacut.

Il parlait en effet d’un pigeonnier en ruine et je connaissais depuis des années une formation en pierre qui dominait le vieux chemin gaulois qui arrive à l’anse de la Pépinaie. Cette formation ressemblait à une base de tour, dont une petite partie affleurait de la terre qui la recouvrait presque entièrement.

Cette structure m’intriguait, mais la présence d’un frêne de grande taille qui l’avait colonisé me posait un problème apparemment insoluble, en raison des dégâts qu’un abattage pouvait  provoquer.

Je pensais donc qu’il n’y avait aucune urgence jusqu’à cet hiver, où après des périodes de gel et de pluies fortes, des pierres commencèrent à tomber sur le chemin sous la poussée du frêne.

Je repris donc le livre de l’abbé Tréguy qui parlait de l’écrit de 1579. Je me souvenais du terme de pigeonnier, mais je fus très surpris en le relisant : il s’agissait en réalité d’un pigeonnier ruineux en terre. Il y avait d’emblée confusion sur la nature de cette structure.

Mais comme il y avait urgence, je décidais de faire une exploration autour de la structure et sur sa surface pour en avoir une idée plus précise.

Je constatais très vite deux choses : 

Après l’ablation de la végétation débordante de surface et de dix centimètres de terre, je découvrais une formation circulaire avec des pierres qui affleuraient de façon régulière. Cette formation avait en gros l’allure d’une petite tour.

Ce dégagement superficiel me montra aussi que le frêne était véritablement le maître du lieu. Situé sur le côté Nord-Ouest de la tour, il occupait tout l’intérieur de celle-ci comme une pieuvre énorme. Il franchissait aussi le mur de la structure par une énorme racine sur le côté Nord, avec apparemment des destructions sérieuses.

La situation était donc très grave avec un risque important de voir tout disparaître à brève échéance.  Une intervention rapide s’imposait.

Je décidais de m’en occuper, en pensant qu’un pigeonnier méritait d’être dégagé, malgré son peu d’intérêt archéologique.


Il était évident que seul le dégagement extérieur me donnerait une idée plus exacte de l’état de la tour présumée.

Pour cela il fallut d’abord se débarrasser d’arbres de petite et moyenne importance qui avaient poussés devant la face Ouest de la structure, car il fallait pouvoir évacuer tous les gravats le plus simplement possible vers le chemin situé en contre bas. Après avoir scié ces petits arbres, il fallut en enlever les racines et le dégagement commença enfin.

D’emblée, je décidais d’aller jusqu’au roc, pour avoir une idée exacte d’un mur circulaire dont il restait un mètre cinquante de hauteur en moyenne.


Il fut également évident qu’il y avait beaucoup de pierres mélangées à de la terre argileuse et cela jusqu’à la rencontre du roc, ce qui démontrait le niveau du sol au moment de la destruction. 

Ces pierres n’avaient pas été dispersées sur une grande largeur, ce qui démontrait également que le mur détruit était de peu de hauteur. Les pierres les plus éloignées furent trouvées en moyenne à un mètre un mètre cinquante du mur, malgré la déclivité du sol rocheux  qui les avait reçues.


 
HISTOIRE D’UNE FOUILLE

La végétation débordante qui recouvrait le pigeonnier, dont on peut vaguement deviner la forme

On voit ici l’importance de l’implantation du frêne qui occupe tout l’intérieur du pigeonnier


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HISTOIRE D’UNE FOUILLE