LA PRISE EN COMPTE DU SITE



J’ai commencé à dégager le site du Guildo, sans idées préconçues. Je pensais tout  simplement découvrir des murailles du Moyen-âge et comme je partais en campagne avec mes mains, je savais que mon travail pouvait être très modeste. Je ne savais pas que je disposais de vingt ans  pour aborder, analyser, modeler un site dans lequel je me suis lancé à corps perdu, avec en premier lieu l’idée que je ne risquais rien, puisque l’on m’avait donné les autorisations officielles, avec souvent des regards goguenards, en face de ce chirurgien aux mains bien fines pour une tâche coriace, usante et  gigantesque. 


Ma chance fut d’habiter tout près du lieu de mes ébats ; elle fut aussi aidée par mon tempérament chirurgical. Il m’avait formé pour des actes de longue haleine, avec la volonté toujours affichée de ne jamais m’arrêter en chemin devant les obstacles. 

Un chirurgien n’abandonne pas une opération en cours.


Pour moi, le site du Guildo était un très gros malade. Il m’a offert un éventail formidable de problèmes chirurgicaux. 

J’ai eu la chance de le traiter avec des résultats qui sont maintenant évidents, n’en déplaise à certains esprits chagrins de l’archéologie officielle. 

Au bout de vingt ans, j’ai la prétention de connaître le site du Guildo mieux que quiconque et je n’admets pas certaines critiques sur mon œuvre, car il s’agit bien d’une œuvre, avec ses bons et ses mauvais côtés. 


Débutant avec l’intention de travailler manuellement, je ne pouvais pas faire de bourdes énormes. Mon désir était de dégager les structures du château et, comme je n’avais aucun engin motorisé, je ne pouvais dégager que dans le sens de la descente, avec cependant une idée directrice, celle de conserver les matériaux dégagés pour leur trouver plus tard une utilité éventuelle. 


La végétation désordonnée encombrait le site. Ce sera mon ennemi le plus important. 

D’emblée je fis des coupes sombres, ne tenant pas compte des avis de certains promeneurs qui s’offusquaient de mon désir de supprimer le caractère romantique du site. L’histoire n’a que faire du romantisme, quand il s’agit de l’expliquer par la découverte des structures et des objets.


Le château était abandonné depuis le milieu du dix-septième siècle. Il avait alors été transformé en terrain agricole à l’intérieur et à l’extérieur du château. 

La douve Sud qui permettait d’accéder au château avait été comblée pour un accès au château des véhicules agricoles.  Elle fut en même temps un véritable dépotoir pendant une assez longue période. Tous ces matériaux venus d’endroits divers ne pouvaient être pris en compte lors du dégagement des extérieurs. 


L’apport massif de terre pour amender un éperon rocheux peu propice à la culture était une autre caractéristique de ce site.  L’intérieur comme l’extérieur du château reçurent des milliers de tonnes de terre.  

Tous les matériaux de comblement superficiels contenaient obligatoirement des objets, certes valables et interprétables, mais n’apportant aucun éclairage sur l’histoire plus ancienne que le dix-septième siècle, date d’abandon du site. 


Tout cela se vérifia rapidement par la découverte près de la surface d’objets et de tessons du Moyen-âge. Il était évident qu’ils venaient d’endroits plus ou moins éloignés du château.

Cette notion d’apports extérieurs en surface me conforta dans l’idée que je pouvais entreprendre le dégagement, sur une certaine profondeur, sans faire d’erreurs .

La pelle, la pioche et la brouette furent donc employées, sans risquer de détruire des témoins essentiels de l’histoire du château........             


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LE DÉGAGEMENT
LE DÉGAGEMENT